Les Soulier-Devillaine

Mon père, Lucien est né le 28 novembre 1926 à Domaison près de Saugues en Haute Loire. Ma mère, Simone, est née le 9 février 1930 à Régny dans la Loire où mes grands-parents venaient de construire leur maison.

A Sanary, le 14 juin, ils sont fiancés à la Villa "Le Roustidou". Ils se sont mariés le 1er septembre 1953 à Régny et ont eu 5 enfants. Né le 14 août 1954 à Boulogne Billancourt, je suis l'aîné. Mes frères et soeurs sont nés à Lyon. Christian le 19 décembre 1955 et Alain le 4 septembre 1957 sont nés à la Croix-Rousse où nous habitions dans la rue Diderot. Françoise, le 7 janvier 1962 et Philippe le 2 mai 1965 sont nés à l'hôpital Edouard Herriot.

Mes parents ont demeuré à Bron avenue Saint Exupéry de 1958 à 1995. Ils n'ont habité ensemble à Régny que six mois, ma mère est décédée fin 1995, à l'âge de 65 ans. Et mon père l'a vécu comme une injustice qu'il a tâché d'oublier durant les treize années suivantes, mais qui lui revenait constamment à l'esprit.

Domaison est le domaine où ont vécu mes grands-parents paternels de 1921 à 1963. A trois kilomètres de Saugues sur la route du Malzieu, la ferme borde le Pontajou. Deux familles louaient le droit d'y travailler à la propriétaire, Madame Lapierre, qui habitait le "château". La maison des Soulier jouxtait la grande bâtisse. Elle en était séparée par un haut mur en pierre contre lequel s'appuyait l'abreuvoire où les bêtes se désaltéraient avant de rentrer dans l'étable et où, le matin, les métayers se lavaient.

J'avais neuf ans quand mon grand-père a quitté sa maison pour vivre à Saugues avec ses fils Marcel et Albert. Mes souvenirs sont faits d'odeurs, d'ambiance et de lumières. Je me revois assis à côté d'Albert sur les escaliers en bois, essayant de mettre comme lui mes pieds deux niveaux en dessous de la marche où je me trouvais. Je sens l'odeur du feu dans l'énorme cheminée. J'éprouve toujours la frayeur qui m'envahissait quand je devais m'avancer vers le fond de la pièce où s'ouvrait la ténébreuse cave. La présence apaisante de mon grand-père agissait sur toute la maison.

Régny est une petite ville entre Tarare (69) et Roanne (42). C'est la génération de mon grand-père qui y est arrivé dans les premières années de ce siècle. Elle y a trouvé le travail qu'elle ne trouvait plus à Saint Symphorien de Lay (42), petite ville placée au borde de la Nationale 7 entre Roanne (42) et Tarare (69). A Régny, mon grand-père a trouvé l'armature centrale de sa vie avec une vie publique qui l'a conduit à devenir le maire de la ville de 1947 à 1964. Il est mort en se rendant à la salle du Conseil.

J'ai passé la plupart de mes vacances à Régny. Je m'y suis ennuyé. Mais je regrette maintenant ce temps qui n'en finissait pas. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il me file entre ma vie. L'âge n'est pas la seule raison de ce sentiment. Les enfants grandissent et les êtres qui nous ont toujours entourés disparaissent: Caco, Mémé, Yvonne, Marcel, Tato, Maman, Albert. Le temps ...

Les Soulier-Devillaine n'ont été complets que jusqu'au 24 décembre 1995, date du décès de Maman. La dernière fois que nous nous sommes tous rencontrés, nous avons fêté les 40 ans de Christian et les 30 ans de Philippe. Alain a eu la bonne idée d'immortaliser photographiquement ces jours.